lundi 23 août 2010

La vessie pleine comme une citerne


Debout devant la réception de l’hôpital, les jambes enroulées comme un bretzel, j’attendais que la réceptionniste m’indique ou se trouvait la salle des échographies. Mais contrairement à mes attentes, elle avait les yeux rivés sur son bureau, pendue au téléphone, elle s’évertuait à parler à je ne sais qui de sa soirée de samedi aux allures plutôt olé,olé.

Moi, j’avais juste envie! Envie d’uriner sur son carrelage frais lavé, devant son petit comptoir à la vue de tous. Envie de lui crier que je dialoguais depuis une bonne heure avec une vessie pleine comme une citerne, afin de la raisonner pour ne pas qu’elle éclate.

Finalement, elle remarqua mon regard jauni par mon envie de me soulager et mes lèvres crispées par la douleur, puis elle raccrocha. Et c’est avec son plus beau sourire, celui qui laissait voir un trou entre ses deux palettes, qu’elle me siffla la réponse tant attendue : «Vous tournez à gaucheeee, vous montez deux étageeees par l’escalier, parce que l’assenseur est en réparation. En haut vous allez à votre droiteeeee, puiiiis vous tournez à gaucheeee, puiiiis encore à gaucheeee, puiiiis c’est finalement à droiteeee, sur votre gaucheeee.» Moi qui suis dyslexique, avec autant de droite et de gauche, j’étais encore plus mêlée qu’un cube «rubik».

J’ai quand même tourné à gauche, pour prendre l’escalier qui en fait, se trouvait à ma droite et j’ai sautillé jusqu’au septième étage, ou l’on me remit une jaquette bleue ciel pas trop du style Armanie. Puis le docteur «Grave-elle» me fit étendre sur le dos et me badigeonna le bedon de confiture aux fraises bleues. Ce qui me donna des envies… à chacun ses petits plaisirs. Moi la confiture de «stroumpfs» j’adore!

Eh oui, ce matin je passais ma première échographie pour me faire dire que tout est normal, malgré l’air grave de mon docteur.
Pour ceux qui auraient eu des doutes, je suis bien dans mon troisième mois de gestation créative, c’est confirmé!

Après cette expérience, ma vessie a pu se laisser aller dans un concerto d’urine en compagnie des vessies de mesdames Dubé et Lapointe, mes deux voisines de cabinet qui, elles aussi, avaient revêtu du Armanie bleu ciel pour l’occasion. On aurait dit un trio pop des années soixante-dix.
Une petite chorégraphie avec ça!

J’imaginais facilement le topo. Et c’est un sourire fendu d’une oreille à l’autre que j’ai continué à vidanger mes huit verres d’eau en compagnie de mes deux partenaires qui n’en finissaient plus de faire le vide dans une salle de toilettes foutrement écho, écho, écho!!!!!

À J’Osée © tous droits réservés

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire