mercredi 29 septembre 2010

Histoire tirée par les cheveux


Il pleut encore! Et pour ceux qui se poseraient la question… Je me bats toujours contre les ballounes d’eau qui viennent nicher sur ma bâche, la rendant bedonnante et flasque, comme un vieux «mononcle».

Aujourd’hui, comme la température n’était pas favorable à la teinture extérieure, j’ai décidé de m’attaquer aux arbustes que j’avais fait déplacer par la pelle mécanique de l’entrepreneur en excavation le weekend dernier. Le verbe «attaquer» a pris tout son sens lorsque, en voulant redresser leurs pieds, mes cheveux se sont emmêlés dans les branches qui, je crois, n’étaient pas toutes à fait innocentes dans le geste.

Je soupçonne délibérément mes arbustes vengeurs d’avoir voulu me scalper la tignasse à grands coups de branches décharnées. Encore sous le choc du déménagement, ils n’ont visiblement pas apprécié leur déracinement pour une contrée plus verte et plus ensoleillée. Pour ceux qui penseraient que seuls les adolescents souffrent d’ingratitude eh bien non… les végétaux aussi!

Plus je me débattais et plus je sentais les petites branches craquant sournoisement, se cramponner davantage à ma chevelure indomptable. Je vous le dis, je suis passée à un cheveu d’être chauve! Mais je me suis quand même ressaisie. Prenant une bonne respiration, j’ai délicatement incliné la tête sur les côtés, puis vers l’arrière et vers l’avant sans toute fois paniquer. Alors que j’avais le front presque collé au sol, j’ai senti un léger desserrement. Il faut dire que j’étais dans une position d’humilité la plus totale, soumise à ces «arbres-rustres» qui n’y allaient pas avec le dos de la branche. Puis, n’ayant plus rien à perdre, à part quelques touffes de cheveux rebelles, je me suis mise à remercier mes beaux arbustes pour leurs jolies fleurs roses qui embaument mon jardin au printemps. Puis, croyez-le ou non, j’ai senti mes cheveux glisser le long des branches, telle une caresse. Et même si je pouvais maintenant me redresser, je suis quand même restée dans cette position de contemplation face à la Terre. J’ai pris le temps d'humer cette odeur de feuilles mortes, de sentir dans le creux de mes mains les petits brins d’herbe qui venaient me chatouiller les paumes. J’ai pris un temps pour respirer et expier! Expier ces mauvaises pensées de « beat » un peu trop rapide et d’insatisfaction face à une température vacillante.

Ce matin j’ai pris le temps… Le temps de remercier la Nature pour tant de beauté. Ce matin, j’ai su m’incliner devant une telle magnificence, précieux ressourcement pour l’âme.

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lundi 27 septembre 2010

« J’ai crevé les eaux »


Aujourd’hui, il pleut des cordes. Et lorsque j’ai mis le nez dehors pour la première fois ce matin, j’ai été surprise de constater que Mère Nature avait pondu une énorme balloune d’eau dans la bâche de plastique qui recouvre le côté est de la maison. Cette gigantesque bulle pendouillait à l’intérieur des échafauds exerçant ainsi une forte traction sur les lattes de bois fixés à même les bardeaux du pignon. Pour éviter que tout n’arrache, je devais chasser l’eau sans perdre un instant, en la faisant basculer de l’autre côté des échafauds, à l’aide d’un objet suffisamment long.

C’est donc armée de mon magnifique balai « Oscar », en bottes de pluie et en robe de chambre bleu ciel, que j’ai tenté de chasser cette « hippopotamesque » poche d’eau qui s’était formée sournoisement dans la toile de plastique. J’ai tout essayé, balai, vadrouille, planche de bois, pied de lampe, planche à repasser, mais rien ne venait à bout de l’effroyable monstre qui grossissait à vu d’œil.

J’étais découragée et sur le bord des larmes. Alors que j’étais sur le point de craquer tout comme mes fragiles bardeaux, il m’est venu une idée. Puisque je n’arrivais pas à faire fuir le monstre, il me restait la solution ultime, le tuer! Je suis donc ressortie de la maison, un long couteau de cuisine à la main, pour affronter l’éléphant d’eau qui, je dois l’avouer, me tyrannisait. Pour ne pas laisser de traces sur les lieux du crime, j’avais bien pris soin de rouler mon bac de récupération sous le monstre et c’est dans un élan libérateur que j’ai trucidé la bête d’un seul coup de lame bien senti, perforant ainsi ma belle bâche à 70 $ avant tx. L’animal c’est vidé de toute son eau remplissant ainsi mon bac de plastique au ¾. Il était moins une, puisque mes bardeaux criaient le mot «délivrance» en craquant tous en cœur.

Oufff, reoufff, de snoufff!!!!! Que j’ai eu chaud! Repenser à cette histoire me donne encore la chair de poule. Dans cet acte de bravoure, je peux réellement dire que j’ai « crevé les eaux » de ma petite vieille bicentenaire, qui va bientôt accoucher d’une nouvelle peau.

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mercredi 22 septembre 2010

« Photos pornos »


Ça y est, ma maison risque de faire la page centrale de certains magazines aux mœurs légères. Quoique… à cause de son âge respectable, nous tentons de la préserver, mon chum et moi, des Paparazzi qui tenteraient, par tous les moyens, de la photographier à moitié nue pour revendre leurs clichés «mal-seins» à des propriétaires de revues sans scrupule. Nous avons donc décidé de lui confectionner une robe géante, nous permettant de travailler peu importe la température.

He oui, nous avons commencé à la dévêtir en lui enlevant ses nombreuses couches de «re-vêtements». Ciment et treillis métalliques, toute une merde à enlever. À chaque fois, nous en ressortons aussi poudrés qu’un nez de toxico un samedi soir. Vient ensuite l’isolant bleu, que nous devons arracher par petits morceaux, puisqu’il a été soigneusement collé. Puis le papier noir et ses dizaines de clous de trois pouces. Après il y aura les planches horizontales badigeonnées de chaux et bien fixées par des clous carrés. En dessous, il y a les planches verticales. Tout ce «strip-tease» architectural pour en arriver aux billots de bois équarris à la hache par un paysan du coin il y a deux-cents ans. Oufff!!!

Après, il nous faudra rhabiller les murs pour éviter que notre petite vieille éternue à cause des infiltrations d’air. Ce n’est pas qu’une mince affaire, c’est moi qui vous le dis! J’ai dressé un calendrier serré des nombreuses étapes à suivre si l’on ne veut pas terminer le tout en raquettes et en combinaison de ski. Je mets en pratique mes talents d’organisatrice. Oufff, reoufff, de oufff!!!

Aujourd’hui, comme il fait beau, je m’apprête à sortir pour sabler les planches de la future galerie afin d’y appliquer la teinture. Toute une journée en perspective. J’ai découvert un nouveau produit miracle que j’ai bien hâte d’appliquer sur mes planches. Il s’agit du «Wood Plus 10», une vraie petite merveille de la nouvelle génération des peintures écologiques. C’est ce que j’ai appliqué sur mes bardeaux et le résultat est stupéfiant. Mes bardeaux de 25 ans ont l’air neuf. «J’Osée» même me beurrer la face avec, pour un petit ravalement de façade personnel. Un «lifting» à bas prix! Pourquoi pas???? Ça pourrait même me donner un petit teint bronzé couleur carotte, idéal pour la végétarienne que je suis. De plus, le produit protège contre les rayons UV. Côté qualité prix un gallon de «Wood Plus 10» à 64.95$ contre un «ti-peau» de quelques onze «d’Édithe Stretchée» pour 85 $. La décision n’est pas très difficile à prendre. Moi j’opte pour le gallon. Et maintenant, mon teint basané des beaux jours ne sera plus un secret pour personne.

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lundi 20 septembre 2010

L’herbe est toujours plus verte chez le voisin


C’est mon chien qui me l’a dit un jour en me rapportant une immense carotte du potager voisin. Il faut croire qu’il préfère le composte de crevettes à la bouse de vache fermière ce chien à la fine gueule. Décidément, les vacances au bord de la mer lui manquent. Et à moi également, particulièrement ce matin et c’est à cause de ce qui se passe à côté de chez moi.

Les voisins aussi rénovent leur vieille maison aux clous carrés. Au début, je trouvais ça motivant de voir avancer leurs travaux au même rythme que les nôtres. «Let's go, on va y arriver!» «L’hiver approche, mais ce n’est pas grave!» «On garde le moral!» «On se raconte nos petits bobos et ça fait du bien!» Mais là, rien ne va plus… C’est qu’ils accélèrent la cadence les voisins. Et ils ont mis le paquet! C’est ce matin, embusquée derrière mes gros sapins à griffonner quelques idées de textes que j’ai vu la situation changer, au travers de la vitre grossissante de mon bureau. Il n’était pas encore 8 h 30 que déjà leur terrain se faisait envahir d’échafauds, de camions d’entrepreneurs et de mains d’œuvre multipliée par 12 à la puissance 22. C’est qu’à ce rythme-là ils vont avoir fini avant le début de l’automne. Et moi qui croyais qu’on faisait équipe. Bon je sais c’est un peu dans ma tête que tout ça se passait, mais je trouvais l’idée motivante.

Maintenant, il ne me reste plus qu’à trouver ma propre motivation.
«Bon, let’s go l’équipe (moi puis mon chum)(on est efficace, mais pas nombreux), bottons-nous le popotin, ça va aller vite en chien!» Je reluque encore la maison voisine.

Moi : «Vous n’avez pas quelques gars de trop, payés à rien faire, par hasard qui trouveraient l’herbe plus verte chez nous, que chez vous????»

J’imagine la réponse : «Non!!!!»

Moi : «Bon, je comprends!!!!! Mais si au lieu de vous emprunter un marteau je vous empruntais la main qui le tient, ça ferait bien mon affaire.»

J’imagine encore la réponse : «Non, non et non!!!!»

J’ai même essayé la carte du «je fais bien pitié».

Moi : «Bon, c’est correct, c’est correct de même… (Trémolo dans la voix accompagné d’un regard légèrement humide.) Je vais me débrouiller toute seule, d’abord!!!!!»

Malgré toutes ces tentatives, les voisins n’ont pas cédé. Ni en imagination, ni dans la réalité. Bon, OK je n’y pense plus. Et vous savez quoi? J’ai eu une excellente idée pour régler le problème je me suis installer un rideau à la fenêtre de mon bureau que j’ai soigneusement broché aux quatre coins avec les crampes d’un demi-pouce. Et si la tentation devient trop grande d’en déchirer un des coins, j’ai demandé à mon chum d’installer une palissade à l’extérieur qui m’empêche de pâlir d’envie. C’est ma façon à moi de rester zen et bien centrée sur mon propre projet. Je sais qu’il en existe d’autres, mais pour l’instant c’est celle qui me demande le moins d’énergie et qui castre le mieux mon imagination débordante.

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mardi 14 septembre 2010

Haaaaaaaa!!!!!!!


Ce matin alors qu’il n’y a même pas de soleil, j’ai vu une ombre me barrer la route alors que je m’apprêtais à sortir pour mettre un peu de teinture sur les planches de ma nouvelle galerie. Une ombre? Me suis-je dit. En pleine journée sombre? Impossible! À moins que ce ne soit l’ombre, l’ombre d’un doute qui m’assaille et me tiraille. Le doute insoutenable de la bricoleuse en herbe, perfectionniste de surcroit qui ne veut surtout pas se tromper en appliquant la bonne couleur sur la galerie qu’elle tente désespérément de faire «matcher» avec de vieux bardeaux de 25 ans retapés avec du Wood Plus naturel, qui dans la réalité donne une teinte rousse aux pignons de la maison. Ouff !!!

À 64$ le gallon avant taxes, on y pense deux fois avant de faire des mixes pas trop catholiques. Reoufff!!!! C’est que cette maison doit être bénie pour me faire arborer autant d’expressions ayant rapport à la religion tout en invoquant régulièrement les saints du ciel dans une passe de découragement ou lorsque je frappe Hector et Victor à grand coup de marteau sur les phalanges.

Que de dilemmes dans ma petite vie de miss Bricole! Je sais, vous me direz, que les misères de la planète sont bien pires que les miennes. Que la fin du monde est prévue pour 2012 et que rénover ma vieille cabane ne sert absolument à rien puisque tout va être inondé et qu’elle sera transformée en aquarium pour les acariens. Ben en attendant 2012, moi je vie et c’est bien mon droit si je veux mourir noyée dans un endroit ou les bardeaux «matchent» avec la galerie. Bon… une bonne chose de dite!

Je sais je suis un peu super-fille-ciel. Mais quelle fille ne l’est pas après tout! Bref, le ciel peut toujours attendre puisque je ne suis pas encore prête à partir en orbite vers un autre monde. Juste avant je dois régler mes petits problèmes quotidiens à savoir s’il est préférable de choisir du pin rouge (qui suinte moins que les autres bois pour faire les moulures extérieures), de la fibre de bois pressée pour extérieur (qui fait mal à la puriste que je suis) ou du cèdre (bois plus durable, mais qui suinte par temps humide, ce qui change la couleur de la teinture appliquée sur les moulures). Oufffff!!!!! Que de questions «existences-ciel»! Lorsque le soir tombe et que je m’endors dans ses bras, j’espère rêver d’autres choses que de rénovations.

À travers tous ces aléas de la vie, je prends quand même le temps d’écrire mes textes pour mon spectacle et c’est ce qui me permet de garder le cap. M’assoir à mon clavier et tapocher à deux doigts me rend extrêmement joyeuse et sereine. Une chance que je t’ai, cher portable. «Une chance qu’on ça.» Comme dirait Jean-Pierre Ferland. Moi le cerveau toi la techno!

Avec tout ça, vous ne devinerez jamais ce qui m’est arrivée ce matin. J’Osée inviter l’ombre de mon doute à entrer chez moi. Et lorsqu’elle est partie en fin d’avant-midi je me sentais plus confiante. Je sais qu’elle finira par revenir. Elle revient toujours. Mais cette fois-là, aucun risque qu’elle ne me barre la route puisque je l’ai mise derrière moi.

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mardi 7 septembre 2010

Remonter la pente


Il y a des journées meilleures que d’autres. Ce matin, je me suis levée avec l’euphorie dans les veines. J’étais « full » énergie comme disent les jeunes. Très tôt sur l’échafaud, malgré la pluie, j’ai donné une petite couche de peinture sur une partie du mur extérieur que j’avais pris soin de recouvrir d’un plastique. Après je me suis remise à l’écriture et comme par magie, les nuages se sont tassés pour laisser des rayons lumineux pénétrer dans mon salon. C’était comme si le soleil s’était échappé de sa prison de grisaille pour me rendre visite quelques instants. C’est vraiment drôle tout de même, parce que la couleur de peinture que j’ai choisie pour peindre la maison à pour nom, «échappée de soleil». Y a de ces petites coïncidences comme ça qui nous font danser parfois de l’intérieur.

Et si je mettais un peu de brun chocolat sur ma corniche et de la crème fraiche sur mes boiseries j’aurais sûrement l’impression d’habiter une maison en pain d’épice et ça me donnerait sûrement l’envie de me goinfrer toute la journée. Mon tour de taille préfère de loin mon échappée de soleil et mon cèdre naturel qui conviennent davantage à ma personnalité, joyeuse avec un petit côté nature.

De ce temps-ci, les rénovations occupent une grande partie de mon temps et de mon esprit. L’hiver approche et à chaque fois que je croise du regard une feuille un peu rougie par l’arrivée de l’automne, l’angoisse me serre la gorge. Et si nous devions terminer les travaux avec une tuque, des mitaines et une paire de bottes. Oufff! L’idée de pelleter le tour de la maison pour terminer son recouvrement ne me sourit guère. En plein hiver, il est nettement plus agréable de remonter la pente de ski plutôt que de ravaler la façade de sa demeure, échappée de soleil ou non, ce n’est pas ce qui fera fondre la neige.

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jeudi 2 septembre 2010

Raz le pompon


Journée plutôt maussade, à me demander si je vois bien clair ou si Dieu a, par inadvertance, fermé la lumière qui me sert de guide. Et puisque l’amour est aveugle, je me dirige à tâtons vers ce que j’aime le plus en croyant me réaliser.

Non mais, c’est que c’est sombre en dedans, ces jours-ci. J’ai parfois l’impression de déraper. Je me sens tomber dans un trou noir. Je me dis que je n’y arriverai tout simplement pas, que c’est trop difficile. Des fois, j’ai l’impression de passer par Miami pour me rendre à La Tuque. Ce n’est pas peu dire, moi qui habite juste à côté…

Aujourd’hui du haut de mon échafaud je me sens condamnée d’avance. L’hiver approche et il m’arrive de douter de mes talents de «Mademoiselle Bricole». Puis, je passe la main sur mon ventre et un «Titi» espoir monte de l’intérieur. Je dois garder le cap, bien alignée sur mes deux passions, l’écriture et la rénovation de ma bicentenaire. Garder l’œil ouvert même si les obstacles me bouchent souvent la vue. Voir au-delà de ce qui est. Faire confiance à mon potentiel et accueillir ce qui vient, poussée hormonale ou non.

En posant mon regard sur l’extérieur, il m’arrive de m’éparpiller. À la sortie de mon trou noir, il y a l’espace, mon espace, celui qui me permet de rester branchée à ma source et d’oser. Aujourd’hui malgré ce raz de marée «pomponnesque» J’Osée tout de même créer.

Et si je fais le bilan de cette journée, elle n’était peut-être pas si sombre, après tout!

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