mercredi 24 novembre 2010

Une âme à la mère


Aujourd’hui, je me suis réveillée avec une tristesse profonde. Cette peine qui donne envie de pleurer à une amie toute sa détresse. J’ai téléphoné. Lancé quelques S.O.S. au fil du temps, « temps-du » comme une corde raide où il est parfois difficile de garder l’équilibre.

Silence. Seule! Seul l’écho de ma voix sur une ligne morte.Je me sens lourde. Pesante. Je sombre derrière une ombre grise. Le funambule noctambule a mal. Et ce maudit vent qui redouble d’ardeur comme s’il voulait m’emporter. Je résiste. Je me cramponne. Il pousse. Le soleil pointe. Ses rayons faibles d’automne n’arrivent pas à percer la bâche pour se poser sur le rebord de ma fenêtre. J’ai froid. Je dérive. Les bouts de bois lacèrent la toile de plastique comme une chair délicate de vieille femme. Fragile. Tendre.

Comme j’aimerais avoir cinq ans.

Ma mère me prend dans ses bras. Me berce. Me murmure que tout ira bien. Que la souffrance achève. Que les projets prennent parfois des tournures inattendues. Que l’expérience nous rend plus forts. Nous fait grandir. Et si moi, je voulais rester petite!

Le froid me transperce comme une lame de métal. Je veux que tout s’arrête. Et ce maudit vent!

Les claquements de la bâche résonnent dans mes oreilles comme des applaudissements. Ils sont tous venus acclamer les derniers instants de la tragédie comique.

Puis, dans un grand souffle, je m’ouvre! Je laisse jaillir cette douleur qui m’assaille. Telle une pianiste devant son instrument, je laisse glisser mes deux doigts tapageurs sur les touches du clavier. Je libère cette souffrance. Je prends soin. Je deviens ma propre mère. Je me berce. J’éponge mon naufrage. Je reprends mon air. Le vent se calme.

J’ai besoin… Besoin d’écrire. Besoin de baver l’encre comme on brave la tempête. Besoin de combler ce vide qui en fait, n’est qu’un trop-plein.

À J’Osée © tous droits réservés

mercredi 17 novembre 2010

Qu’est-ce que le spasme de vivre?


Ma maison est un jardin de givre, asile d’une poésie folle, «Nil again». Le néant. Plus rien. Le vide me remplit. Au creux de ma main, mes cinq doigts se referment sur la «pomme» du péché «original». Ai-je vraiment péché de vouloir faire les choses différemment?

La bâche recouvre maintenant l’ensemble de la propriété rendant ainsi la bicentenaire bedonnante sur les trois faces, dans «la tente» d’une renaissance.

Ce matin, un vent de folie souffle et m’essouffle. Je m’agite dans tous les sens comme les toiles bandées sur la structure de bois. Des tremblements me secouent de la tête aux pieds. Je ne contrôle plus rien. Je reste tout de même fidèle au cinquième «Élément». L’amour de vivre m’enivre. Le besoin de me dépasser m’habite, tout comme nous habitons cette vieille demeure. Mon cœur se serre à la moindre bourrasque. Les châssis aux vieux carreaux de vitre claquent avec frénésie, sous la force du vent fou.

La saison froide approche. Nos outils disparaissent de moins en moins. Les nains de jardin «nose» même plus mettre leur gros pif à l’extérieur de peur d’attraper «artériose-nez-rose».

J’ai froid. Il pleut. Ma vie est humide. Je reste tout de même là à guetter la fin. Je regarde en haut, les yeux fixés vers le ciel. J’implore. Je demande une pause. L’accalmie. Une petite trêve, de quelques heures, de quelques minutes, de quelques secondes. J’attends que le vent suffoque, que la tempête se calme, le temps d’un battement d’ailles. Je zieute les gros nuages gris cracher leur colère baveuse sur le plastique de la bâche. Je surveille du coin de l’œil, l’envol d’une âme perdue, pendue à sa destinée. Tourbillonnant en spirale, je la vois s’élever plus haut que les nuages amenant avec elle un morceau de la bâche.

À J’Osée © tous droits réservés

lundi 8 novembre 2010

La petite fée du logis


Il pleut des cordes. Mais ce n’est pas une raison pour se pendre avec. Et ce, même si de ce temps-ci je suis littéralement pendue à mon portable pour prendre des nouvelles du temps qu’il fera demain. Cet ordinateur cupide se flatte constamment le gros égo en prétendant faire la pluie et le beau temps. Toujours la grosse tête ce vieux Sony!

Ce matin, malgré l’averse torrentielle qui tombait à l’extérieur, j’ai fait une petite marche en forêt, question de changer d’air (normal avec les vapeurs de kérosène qui me montent à la tête). À mi-chemin de mon tracé quotidien, je me suis mise à voir un tas de petits points blancs voltiger tout autour de ma tête. On aurait dit de minuscules petites mouches valsant au gré des gouttelettes de pluie qui baignaient la forêt. Puis soudain, elles arrêtèrent leur danse pour se déposer sur une feuille de chêne qui pendouillait timidement. Et comme j’approchais pour regarder de plus près elles se sont dispersées pour faire place à une autre bestiole un peu plus imposante aux coloris bleus électriques. Elle battait des ailes à une vitesse incroyable, tellement vite que j’arrivais à peine à distinguer sa forme. On aurait dit une microscopique poupée translucide. La nature ne finira jamais de me surprendre!
Fascinée, j’ai tendu la main vers l’insecte pour qu’elle puisse y monter. Et à ma grande surprise, elle est venue se jucher sur le bout de mon nez. Le regard entrecroisé, j’ai pu admirer une magnifique petite fée aux longues ailes qui avait piqué ses souliers en peau de soie dans mon épiderme délicat. Je me retenais pour ne pas éternuer. La dame était vêtue d’une longue robe bleue cousue de plusieurs étoffes chatoyantes. À chaque battement d’ailles, sa robe scintillait. Ses longs cheveux d’ange pendaient jusqu’à ses chevilles que le froissement d’ails faisait virevolter.

Soudainement, j’étais devenue une petite fille et sans trop réfléchir, j’ai fait trois vœux : 1) Que la maison soit recouverte d’un parement avant l’hiver; 2) Que les textes pour mon spectacle soient terminés avant Noël; 3) Que je me replonge dans un prochain texte de roman d’ici la fin de mon congé.

La petite fée a hochée de la tête et les gouttelettes de pluie se sont transformée en millier d’étoiles scintillantes. Les chiens, fous de joie, gambadaient dans tous les sens, asseyant de les attraper. La dame bleue a déplié ses ailes puis s’est faufilée dans ma chevelure pour finalement glisser dans le creux de mon oreille. Je l’ai senti pénétrer mon âme, puis… plus rien. Même la pluie a cessé. On aurait dit que les gouttelettes avaient suspendu leur vol. La forêt était si calme, silencieuse. Les chiens se sont doucement rapprochés de moi. Distraitement, j’ai glissé ma main dans leur fourrure. Sur le chemin du retour, mon esprit était ailleurs. Une grande joie m’envahissait de l’intérieur. Je me sentais baignée d’une plénitude, comme si j’avais toujours su.

À partir de cet instant, je savais la provenance de cette petite voix, celle qui m’accompagne si souvent. Celle qui me chuchote à l’oreille des réflexions qui m’aident à garder le cap. Désormais, j’avais la certitude que cette fée minuscule, croisée au hasard de la forêt, logeait chez moi et contribuait à rendre ma vie merveilleuse.

Et votre fée à vous… elle a l’air de quoi?

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