samedi 26 mars 2011

J’écris à haute voix.


Ce matin, le brouillard se disperse lentement dans le champ derrière chez moi. Les chiens reniflent et se roulent sur la croute de neige durcie, comme des enfants surexcités. Des odeurs printanières me montent au nez. Pareille à la terre, lentement, je sors de mon hibernation.

Les quatre saisons m’habitent. L’hiver m’a permis d’intérioriser mon personnage. De définir davantage mes textes et l’arrivée du printemps, me propulse vers les autres.
Je suis retournée au boulot le 14 mars dernier. Cette effervescence d’un monde en action m’ouvre de nouveaux horizons. Je suis rendue à une nouvelle étape de mon processus créatif. Ma rencontre avec les autres me stimule. Les mois à venir seront basés sur la formation de réseaux qui me permettront d’atteindre mon objectif.

Février m’a révélée à moi-même. J’ai fait la connaissance d’une joyeuse bande de fous. J’ai eu la chance de participer à un stage sur le clown avec un excellent formateur qui vit au pays de la Tour Eiffel. Il m’a dit : « Ne cherche pas ton clown, car tu peux chercher longtemps! Sache que lui, il t’a déjà trouvé, depuis longtemps… » Cet étrange personnage, c’est Hervé Langlois, un homme tout en paradoxe au regard d’acier et à la fibre sensible bien enfouie. Heureusement, il y a une brèche. Fissure profonde qui fait jaillir aux yeux de tous cette générosité immense et cette magnifique tendresse. La vie m’a donné la chance de croiser sa route et celle de ceux qui ont partagé ces cinq jours d’intense création avec moi.

Ce stage m’a permis de rencontrer mon personnage dans sa forme non complète, mais tangible. Il me reste bien sûr à raffiner le tout! Même ma façon d’écrire a changé. Mes écris de 2010 m’auront servi d’exercices. Le rythme de mes nouveaux textes est différent. J’écris à haute voix en empruntant celle du personnage qui m’entraine dans des histoires absurdes dont je n’ai pas le contrôle. Les mots se pressent pour être imprimés sur le clavier.

Je m’amuse follement. Suspendue dans ce monde imaginaire où mon nouvel ami prend forme, je plane. Ce clown en moi a toujours été là, c’est ce qui me fascine. De savoir que je l’écoute enfin, cela le rend complètement euphorique et par le fait même me rend heureuse.

Malgré mon retour au travail, j’arrive à écrire deux textes par semaine. Qui aurait cru ça? Certainement pas moi. Mais mon clown lui, il a la foi. Il ne se fait pas de bile pour le show. Il est sorti du placard et il n’est pas prêt d’y retourner. Les projecteurs l’attendent et il a bien l’intention de ne plus rester dans l’ombre!

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jeudi 10 février 2011

« Je participe pas assez »


Ma «grand-mère» française me dit toujours que je ne participe pas assez! Foutaise! Puisque je passe tous mes avant-midi avec elle, cette foutue grammaire avec qui je m’attable trois heures par jour. Et ce satané participe passé… Je vais «l’avoir» qu’il soit en accord ou non!

Ne pensez surtout pas que je me plains. Non au contraire j’ai du plaisir. Pour la première fois de ma vie, j’ai un fun fou à réviser mes règles de grammaire. Qui aurait cru ça… Grevisse n’a qu’à bien se tenir, car j’ai découvert un petit bijou conçu par une enseignante passionnée de Trois-Rivières : Christiane Asselin. Le titre de son chef-d'œuvre : Les fameuses recettes de grammaire et délices littéraires humoristiques et poétiques. Livre publié par les éditions : Les Pelleteurs de nuages. Pour ceux que ça intéresserait, voici le numéro de téléphone : 819 293-2259 pour commander votre livre de recettes, un incontournable pour les questions grammaticles qui vous cuisinent le ciboulot: http://www.lespelleteursdenuages.com/fr/boutique_detail.html?prodid=374&menu. C’est un pur délice, croyez-moi vous vous régalerez!

Donc mes journées s’écoulent doucement entre grammaire et écriture. La moitié des textes du spectacle sont couchés noir sur blanc en attendant d’être mis en bouche. Je dois avouer que c’est là une étape qui me fait passablement peur, «la mise en bouche».

Bon pour écrire je suis seule avec ma bulle et mon imaginaire, donc ça va. Mais apprendre tout ça par cœur en logeant chacun des mots sur mon disque dur, ouffff! Je suis parfois inquiète des résultats. Lorsqu’on joue avec les mots, il n’y a pas beaucoup de place pour l’improvisation si non ton punch, tu as de grandes chances de passer à côté et ça, ce n’est pas vraiment souhaitable.

À l’étape où je suis présentement, je tente de me faire rassurante. Je me dis qu’il est encore tôt pour penser à la mise en bouche et que pour l’instant le gros de mon travail, consiste à écrire, puis on verra pour le reste.

Mes propos arrivent à me rassurer. Et je continue à tapocher sur mon clavier un sourire aux lèvres, car je sais que demain… je reverrai «grammaire» qui sait toujours apprivoiser mon côté «méchant loup»!

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mardi 1 février 2011

La construction… du personnage!


Je sais, j’avais dit que je ne parlerais plus de construction et de rénovations, mais là c’est une exception, puisqu’il s’agit de théâtre. Car ce week-end, j’ai assisté à une formation sur le jeu clownesque. C’était super!

Et comme la vie nous donne toujours ce que l’on a besoin, Dame La Vie a fait en sorte que je sois informée de la venue d’un super formateur français en jeu clownesque qui viendra donner au Québec, une semaine de formation au mois de février. Et vous ne savez pas quoi? Il restait une seule et unique place, que j’ai prise avec joie en disant au formateur : «Oui, je le veux!» Et comme la chance continuait de tourner, j’étais heureuse de découvrir que la formation avait lieu à 20minutes de chez moi en pleine campagne. Et en plus, c’est abordable… Que demander de mieux?

Moi qui me questionne continuellement…, cette fois-ci c’était assez clair… La Vie m’a dit : «La porte est ouverte prend là!» Et c’est ce que j’ai fait. J’ai donc sauté sur l’occasion.

L’écriture de mes textes se poursuit. J’ai un objectif de 6 textes par mois, ce qui n’est pas une mince affaire. Écrire des textes destinés au spectacle ça n’a rien de comparable à un roman. Le texte de spectacle doit pouvoir se dire à haute voix, la formulation est donc différente. Il doit également comprendre des punchs et avoir un certain rythme. Je pense me débrouiller assez bien jusqu’à maintenant. Le travail avec la metteure en scène peaufinera le tout!

Mais pourquoi cette fascination soudaine pour le clown. Tout simplement pour mieux définir mon personnage. Le clown c’est une partie de nous même, c’est aussi une façon de grossir les choses à la loupe, sans louper « l’essence-ciel »!

Dans mon processus d’écriture, je me suis rendu compte que mes textes avaient un fil conducteur et j’ai pensé qu’il serait intéressant de les mettre en bouche d’un unique personnage qu’il me reste maintenant à définir.
Et les ateliers auxquels j’assiste m’aident à construire ce personnage avec ses qualités et surtout, ses petits travers.

Rénover une maison et construire un personnage, c’est un peut la même chose… cela prend de bons outils pour arriver à un résultat dont on peut être fier!

Pour l’instant, je ne connais pas l’aboutissement de mon projet, mais tout ce que je sais, c’est que le chemin que j’emprunte pour y arriver est fort stimulant.

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vendredi 7 janvier 2011

Ces relations me rendent complètement marteau!


Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu es, disait un vieux proverbe français.
Et bien… en faisant le bilan de mes relations de la dernière année, j’ai constaté que tous les Mario, Carole, Michel, Patrick, Éric, Paul et André que je connais sont des employés de quincaillerie.
J’ai aussi remarqué que tous les Daniel, Alain et Nicolas à qui je donne généreusement ne sont pas des démunis, mais des entrepreneurs bien nantis.
J’ai également observé que tous les Steve, Manon, Éloi et Nelson que je côtoie travaillent le bois.
Que tous les Sylvain, Lucie et Réjean qui me servent de guides sont des spécialistes en teinture ou en menuiserie.

Oufff!!!! Ça serait ti que je commence à être passablement obsédée. Obnubilée par les rénovations de ma vieille bicoque. À un point tel que je n’ai plus de place pour autre chose que le pinceau et le marteau. Que faire le point se résume à poser une tache de teinture crème sur mes poteaux de galerie. Non mais… a peux-tu parler d’autre chose!!!! C’est sûrement ce que doivent se dire mes bons amis qui prêtent une oreille attentive à mes lamentations de Madame Bricole passablement bric-à-brac en vrac. Oufff!!!!! Je sais que je dois en étourdir plus d’un avec mes projets de rénovations qui ont pris des dimensions de montgolfière. Passionnée la dame?... Si peu!
Et si je regardais plus loin que par le trou des serrures de mes nouvelles portes qui, soit dit en passant, n’ont pas été installées correctement.

Bon, bon, ça y est je rechute!

Et si au lieu de rechuter je ne faisais que «chuchuter», comme dans chut! l’index bien appuyé contre les lèvres, les dents cramponnées dans le mot.
Le silence. Une plage déserte. Le vide. Celui qui prend place au creux de mon oreille berçant ma petite fée du logis.

En ce début d’année, je m’interroge sur l’effervescence qui m’habite. Et pour cette nouvelle année, je me souhaite le silence intérieur. Celui qui apporte la paix. Celui qui est attentif au mouvement du cœur, au geste de l’autre, ainsi qu’aux subtilités de la vie.
Et de ce silence, je désire parfumer la terre afin que tout sente bon. Que les relations entre tous les êtres de cette planète puissent sentir la rose et faire de chacun de nous des princes petits ou grands et non des moutons.

Une bonne, merveilleuse et généreuse année à chacun de vous!

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vendredi 10 décembre 2010

Un gros mot dans un verre d’eau!



Cette semaine a eu lieu le jour « J », pour jour de rencontre ultra spécial. Le comité dont je fais partie pour la construction d’un aqueduc sur le rang où j’habite rencontrait tous les résidents pour présenter le projet. Chaque membre du comité avait un rôle à jouer. Le mien consistait à animer la rencontre. Tout s’est bien déroulé. Tout, sauf le dernier mot. Celui de la fin. Celui qui nous reste dans la tête jusqu’à ce qu’on entre chez soi. Jusqu’à ce qu’on s’endorme. Jusqu’à ce qu’on arrive au travail le lendemain et les jours suivants. Ce mot qui nous suit de semaine en semaine. De mois en mois. De siècle en siècle, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Ce mot de trois lettres pourtant si court et à la fois si gros. Ce mot m’est sorti de la bouche comme un vomi mottonneux.

En fait, j’ai juste dit…, en guise de conclusion «ramassée en tapon improvisé de 30 secondes», a un auditoire qui, en fin de soirée, ressemblait davantage à une gang de poissons-chats avec les yeux ronds comme des billes, pis la bouche en trou de suce : «Comment trouvez-vous le projet? Est-ce que ça vaut la peine de continuer ou vous trouvez que c’est un projet qui ne vaut pas le cul?????»

L’audience est restée stupéfaite, tout comme moi qui aurais bien voulu retenir, par la peau des fesses, le cul sorti de ma bouche, mais trop tard le gros mot avait été propulsé comme un volontaire au pied de la phrase.

En fait entre la demande de mon collègue de gauche d’accélérer la fermeture parce que plusieurs personnes se préparaient à quitter la salle et ce qui se passait dans ma tête il y a eu court circuit. Bref dans mon crâne ça disait : «Non, mais… qu’est-ce que vous avez à tout foutre le camp alors qui reste encore 15 minutes sur l’heure convenues. Denis va vous faire un beau témoignage pis va vous demander si l’on va de l’avant ou pas avec ce projet…. Oups… il ne l’a pas dit, non mais Ti-Jésus… il faut que je ramasse ça sans faire de boulette!

Trois de nos voisins de rang étaient dans le cadre de porte comme trois témoins de «Géo-va» en manque d’air pur (comme dans on va tu rester ou s’en aller). Non mais merde, auditoire dit moi pas qu’on s’est farci le troufignon avec de l’eau de puits durant trois mois pour se faire laver de la sorte par des voisins qui ne veulent pas passer le test. Et par là je parle des gens réticents à l’idée de faire analyser l’eau de leur puits.

Ma fontaine à une borne et c’est ce soir que ça passe ou ça casse. On n’est pas des trous du cul… nous le comité provisoire»! (Et c’est là que le mot cul est sorti à voix haute.)

Désolée si j’ai pu offenser de chastes oreilles. Je dois avouer que pour les gens présents ça du faire une légère dissonance d’entendre la dame, qui s’exprimait bien jusqu’alors, utiliser le mot cul en guise de conclusion. Surtout à un point si «cul-minant» de la rencontre.

Mon collègue de gauche croit que c’est le mélange de sucre à la crème qu’avait apporté une des membres du comité et les vapeurs de kérosène de ma chaufferette qui m’ont fait « tilter ». Bon, contrairement à ce que dit mon collègue de gauche, je ne veux pas faire porter le fardeau de ma boulette à l’excellent sucre à la crème. Mais je dois avouer y avoir été allègrement dans l’empiffrage des petits carrés de bonheur.

Pour la prochaine rencontre publique, mon voisin de gauche suggère de remplacer le sucre à la crème par des chips. Il prétend que le sucre, le kérosène et moi ne faisons pas bon ménage. Il a peut-être raison. Quoi que… cela va peut-être m’amener à avoir des propos encore plus salés.

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vendredi 3 décembre 2010

Sot, seau, saut, solidarité!


Se sentir parfois sot devant une situation qui nous dépasse. Déverser son seau dans l’oreille attentive d’une amie. Sauter de joie devant un petit geste. Un sourire. Une bonne blague. Transformer en humour les situations contraignantes du quotidien. Accueillir tous les gestes en guise de solidarité.

Depuis quelques mois, je fais partie d’un comité qui rassemble des gens sur le rang où j’habite. Des gens dont, pour la plus part, je ne connaissais même pas le nom. Au fil des rencontres, des liens se sont noués. Une trame de solidarité et de partage s’est installée entre nous. J’aime ces gens, que j’apprends à connaitre. Ces rencontres deviennent pour moi des rendez-vous précieux. Un lieu où l’on rigole. Une cuisine où chacun apporte sa nourriture. Bagage intellectuel dont chacun s’alimente.
Un tour de table riche d’une expérience dont le but commun est l’eau vive. Cette eau qui nous l’espérons, alimentera nos chaumières, si… Seulement si, tous nos voisins sont en accord avec le projet. Efforts soutenus, partage de connaissance, ces rencontres sont fortement animées.

Auprès de mes voisins, je passe sûrement pour une originale avec ma bâche enveloppante que les forts vents d’automne ont lacérée. Mais les liens tissés entre les êtres arrivent souvent à panser les blessures. Même celles des bâches. Lors d’une de nos rencontres, deux membres du comité m’ont remis un petit sac de plastique contenant quelques biscuits que j’adore. En blague, ils m’ont suggéré d’utiliser le sac pour réparer ma toile. Je les ai pris au mot. C’est bien en évidence que j’ai collé sur la devanture de la bâche ce geste d’humour en guise de solidarité. À chaque fois que mon regard croise la «patch» de plastique, mon cœur rigole et la tâche me semble moins lourde;-)

“SO, SO, SO, SOLIDE-À-RI-T”

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mercredi 24 novembre 2010

Une âme à la mère


Aujourd’hui, je me suis réveillée avec une tristesse profonde. Cette peine qui donne envie de pleurer à une amie toute sa détresse. J’ai téléphoné. Lancé quelques S.O.S. au fil du temps, « temps-du » comme une corde raide où il est parfois difficile de garder l’équilibre.

Silence. Seule! Seul l’écho de ma voix sur une ligne morte.Je me sens lourde. Pesante. Je sombre derrière une ombre grise. Le funambule noctambule a mal. Et ce maudit vent qui redouble d’ardeur comme s’il voulait m’emporter. Je résiste. Je me cramponne. Il pousse. Le soleil pointe. Ses rayons faibles d’automne n’arrivent pas à percer la bâche pour se poser sur le rebord de ma fenêtre. J’ai froid. Je dérive. Les bouts de bois lacèrent la toile de plastique comme une chair délicate de vieille femme. Fragile. Tendre.

Comme j’aimerais avoir cinq ans.

Ma mère me prend dans ses bras. Me berce. Me murmure que tout ira bien. Que la souffrance achève. Que les projets prennent parfois des tournures inattendues. Que l’expérience nous rend plus forts. Nous fait grandir. Et si moi, je voulais rester petite!

Le froid me transperce comme une lame de métal. Je veux que tout s’arrête. Et ce maudit vent!

Les claquements de la bâche résonnent dans mes oreilles comme des applaudissements. Ils sont tous venus acclamer les derniers instants de la tragédie comique.

Puis, dans un grand souffle, je m’ouvre! Je laisse jaillir cette douleur qui m’assaille. Telle une pianiste devant son instrument, je laisse glisser mes deux doigts tapageurs sur les touches du clavier. Je libère cette souffrance. Je prends soin. Je deviens ma propre mère. Je me berce. J’éponge mon naufrage. Je reprends mon air. Le vent se calme.

J’ai besoin… Besoin d’écrire. Besoin de baver l’encre comme on brave la tempête. Besoin de combler ce vide qui en fait, n’est qu’un trop-plein.

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