samedi 23 octobre 2010

« Y fait fret en torgueux ! »


Les vents froids de l’automne me glacent le sang et les mains par la même occasion. Une maison toute nue, ça transperce l’âme de ceux qui y vivent. J’entends les courants d’air siffler entre les planches de la vieille bi.

Ce soir, je me sens comme ces poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres pour protéger leur centre. Ces jours-ci, mon feu intérieur se fait ébranler par les grands vents de la vie parce que ma bulle de protection est passablement à nue.

L’hiver approche et avec lui le doute s’installe. Celui de ne pas avoir terminé avant les grands froids d’hiver. À moins que la vie soit bonne avec moi, comme elle l’est toujours; clémente, protectrice, inspirante et aussi parfois éprouvante.
J’envisage même de taper sur le clavier avec des mitaines pour le four si cela continue à trainer de la patte. Ce n’est pas qu’on lambine puisque chaque instant est consacré à restaurer la vieille. C’est juste que c’est long, surtout lorsqu’on y va de surprise en surprise, c'est-à-dire de murs croches en châssis pourris.

Il est vrai que les vieilles maisons ont du cachet. Mais je ne croyais pas, en achetant cette demeure, que le mot cachet se rapportait davantage au portefeuille plutôt qu’au charme réel des lieux.

Cette semaine, alors que j’ai l’impression de vivre dans un énorme «ziploc», j’aurais bien mis une pancarte «À vendre» devant la vieille qui me donne quelques rides plus je ravale sa façade. Les toiles qui l’entourent sont gonflées au max comme des bajoues d’écureuils à l’approche de la saison froide.
Et si la vieille bi, comme une outarde, s’envolait pour une contrée plus chaude, le temps que l’on finisse de réparer l’extérieur.

Il m’est toujours permis de rêver. Peut-être que la vie dans ses larges bontés va exaucer mes prières, qui sait… Peut-être que dame Nature attend que nous ayons remballé tous nos outils avant de faire tomber les premiers brins, de son assommante neige.

Et si je pendais le Christ sur la corde à linge comme le faisaient nos grands-mères la veille de leur mariage avec leurs chapelets, désirant attirer sur elles les doux rayons du soleil pour une cérémonie sans pluie et sans chichi.
Pauvre Christ, crucifié sous ponce Pilatre, puis épinglé pour une question de météo. C’est quand même moche tout ça!
À chacun sa croix! La mienne est construite de billes de bois et la votre, elle est faite de quoi?

À J’Osée © tous droits réservés

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire