lundi 8 novembre 2010

La petite fée du logis


Il pleut des cordes. Mais ce n’est pas une raison pour se pendre avec. Et ce, même si de ce temps-ci je suis littéralement pendue à mon portable pour prendre des nouvelles du temps qu’il fera demain. Cet ordinateur cupide se flatte constamment le gros égo en prétendant faire la pluie et le beau temps. Toujours la grosse tête ce vieux Sony!

Ce matin, malgré l’averse torrentielle qui tombait à l’extérieur, j’ai fait une petite marche en forêt, question de changer d’air (normal avec les vapeurs de kérosène qui me montent à la tête). À mi-chemin de mon tracé quotidien, je me suis mise à voir un tas de petits points blancs voltiger tout autour de ma tête. On aurait dit de minuscules petites mouches valsant au gré des gouttelettes de pluie qui baignaient la forêt. Puis soudain, elles arrêtèrent leur danse pour se déposer sur une feuille de chêne qui pendouillait timidement. Et comme j’approchais pour regarder de plus près elles se sont dispersées pour faire place à une autre bestiole un peu plus imposante aux coloris bleus électriques. Elle battait des ailes à une vitesse incroyable, tellement vite que j’arrivais à peine à distinguer sa forme. On aurait dit une microscopique poupée translucide. La nature ne finira jamais de me surprendre!
Fascinée, j’ai tendu la main vers l’insecte pour qu’elle puisse y monter. Et à ma grande surprise, elle est venue se jucher sur le bout de mon nez. Le regard entrecroisé, j’ai pu admirer une magnifique petite fée aux longues ailes qui avait piqué ses souliers en peau de soie dans mon épiderme délicat. Je me retenais pour ne pas éternuer. La dame était vêtue d’une longue robe bleue cousue de plusieurs étoffes chatoyantes. À chaque battement d’ailles, sa robe scintillait. Ses longs cheveux d’ange pendaient jusqu’à ses chevilles que le froissement d’ails faisait virevolter.

Soudainement, j’étais devenue une petite fille et sans trop réfléchir, j’ai fait trois vœux : 1) Que la maison soit recouverte d’un parement avant l’hiver; 2) Que les textes pour mon spectacle soient terminés avant Noël; 3) Que je me replonge dans un prochain texte de roman d’ici la fin de mon congé.

La petite fée a hochée de la tête et les gouttelettes de pluie se sont transformée en millier d’étoiles scintillantes. Les chiens, fous de joie, gambadaient dans tous les sens, asseyant de les attraper. La dame bleue a déplié ses ailes puis s’est faufilée dans ma chevelure pour finalement glisser dans le creux de mon oreille. Je l’ai senti pénétrer mon âme, puis… plus rien. Même la pluie a cessé. On aurait dit que les gouttelettes avaient suspendu leur vol. La forêt était si calme, silencieuse. Les chiens se sont doucement rapprochés de moi. Distraitement, j’ai glissé ma main dans leur fourrure. Sur le chemin du retour, mon esprit était ailleurs. Une grande joie m’envahissait de l’intérieur. Je me sentais baignée d’une plénitude, comme si j’avais toujours su.

À partir de cet instant, je savais la provenance de cette petite voix, celle qui m’accompagne si souvent. Celle qui me chuchote à l’oreille des réflexions qui m’aident à garder le cap. Désormais, j’avais la certitude que cette fée minuscule, croisée au hasard de la forêt, logeait chez moi et contribuait à rendre ma vie merveilleuse.

Et votre fée à vous… elle a l’air de quoi?

À J’Osée © tous droits réservés

1 commentaire: